Chapitre 5

Chapitre 5 – Jour 2 : Les confidences

Au sommet de la tour Ostankino, Moscou scintillait comme une constellation terrestre. Les lumières de la ville s’étendaient à perte de vue, se mêlant aux étoiles dans un vertige de hauteur. Tatiana s’approcha de la baie vitrée, fascinée par cette immensité glacée. À ses côtés, Li Wei semblait soudain différent, plus fragile, plus vrai.

— En Chine, j’ai appris à me taire, dit‑il doucement, sa voix presque engloutie par le silence de la salle. Mais avec toi, je veux parler.

Tatiana tourna vers lui un regard étonné. Elle sentit que derrière cette phrase se cachait une vie entière de retenue, de silences imposés, de pensées étouffées. Alors, elle parla à son tour. Ils parlèrent longtemps, comme si le temps s’était suspendu au‑dessus de Moscou : de leurs vies, de leurs rêves, de leurs blessures. Tatiana raconta son enfance solitaire, ses espoirs brisés, les soirs où elle avait cru que personne ne viendrait jamais combler son absence. Li Wei évoqua son exil intérieur, ses nuits de doute, ses journées où la réussite n’était qu’un masque posé sur une solitude trop lourde.

Leurs voix se mêlaient comme deux rivières qui se rejoignent, et dans ce partage chacun retrouvait une part de lui‑même qu’il croyait perdue.

Quand Li Wei effleura la joue de Tatiana, elle ferma les yeux. Le geste était simple, mais il contenait une promesse silencieuse. Leurs lèvres se retrouvèrent, plus audacieuses, plus brûlantes, comme si chaque baiser était une tentative de retenir l’éternité. « Pourquoi ai‑je l’impression que chaque baiser est une promesse fragile, prête à se briser ? » pensa Tatiana, le cœur serré par la beauté et la peur de l’instant.

Dans un coin de la salle, Viktor sirotait un verre. Sa silhouette massive se fondait dans la pénombre, mais ses yeux gris ne quittaient pas le couple. Chaque geste, chaque sourire, chaque baiser était observé, disséqué, possédé par son regard froid.

Pourtant, derrière cette fixité, une pensée le traversa : « Ils croient être seuls… mais je veux voir si leur bonheur peut survivre à l’ombre. »