Chapitre 2

Chapitre 2 – L’arrivée

Le train s’arrêta dans un souffle métallique, ses freins hurlant comme une bête fatiguée. Les wagons vibrèrent encore, puis le silence s’installa, lourd et glacé.

Moscou l’accueillait dans une blancheur immobile, un silence enneigé où chaque bruit semblait étouffé par la neige. Les murailles du Kremlin s’illuminaient de reflets dorés, et la Place Rouge s’étendait devant elle comme un théâtre figé dans le temps, majestueux et intimidant.

Tatiana descendit, ses bottes crissant sur la neige fraîche. Elle inspira profondément : l’air glacé mordait ses lèvres, brûlait ses poumons, et lui donnait l’impression d’entrer dans un autre monde. Ses cheveux blonds s’échappaient de son écharpe, balayés par un vent sec qui lui piquait les joues.

Elle observait les passants pressés, les silhouettes emmitouflées disparaissant dans la brume hivernale. Chaque pas résonnait en elle comme une marche vers l’inconnu. « Pourquoi ai‑je l’impression que chaque pas me rapproche d’un destin que je ne contrôle pas ? » pensa‑t‑elle, troublée par cette sensation d’être guidée par une force invisible.

Dans une ruelle voisine, Viktor se tenait immobile. Sa silhouette massive se fondait dans l’ombre, comme une statue oubliée. Le froid ne semblait pas l’atteindre. Ses yeux gris fixaient Tatiana avec une intensité glaciale, sans un clignement, comme s’il voulait la retenir dans son regard. Ses pensées étaient froides, calculées, tranchantes.

« Trois jours… Trois jours seulement. Mais peut‑être suffisent‑ils pour changer une vie. »

Le vent siffla entre les murs, emportant les flocons dans une danse silencieuse. Moscou, immense et mystérieuse, devenait le décor d’un drame qui commençait à peine.