Chapitre 11

Chapitre 11 – L’adieu

À la gare Leningradsky, le vacarme des trains et des annonces résonnait sous la verrière immense. Les voyageurs pressés se croisaient dans un tumulte de valises et de manteaux sombres. Tatiana avançait, le cœur battant, ses pas résonnant sur les dalles froides. Elle savait qu’il était là.

Dans la foule, Viktor apparut. Sa silhouette massive se détachait comme une ombre au milieu des passants. Tatiana s’arrêta, son souffle court, et l’affronta enfin. — Qui êtes‑vous ? Que voulez‑vous ? demanda‑t‑elle, sa voix tremblante mais ferme.

Viktor la fixa, ses yeux gris traversés d’une lueur étrange. Ses traits durs semblèrent s’adoucir l’espace d’un instant. — Je voulais seulement voir si vous étiez heureuse…, répondit‑il, sa voix basse se perdant dans le brouhaha de la gare.

Tatiana resta figée, incapable de comprendre la vérité derrière ces mots. Était‑ce une menace, une confession, ou un adieu sincère ? Avant qu’elle ne puisse réagir, Viktor se détourna. Sa silhouette disparut dans la foule, engloutie par le flot des voyageurs, comme si la gare elle‑même l’avait avalé.

Tatiana sentit une étrange légèreté, mêlée à une inquiétude persistante. Li Wei s’approcha, posa une main rassurante sur son épaule. Leurs regards se croisèrent, et dans ce silence partagé, elle comprit que l’ombre s’était éloignée, mais que son empreinte resterait.

La gare, avec ses bruits métalliques et ses lumières froides, devint le théâtre d’un adieu ni complet ni définitif. Dehors, la neige tombait, recouvrant la ville, comme pour effacer les traces de ce dernier face‑à‑face.