Chapitre 12

Chapitre 12 – Le train et la mémoire

Le train s’ébranla dans un grondement métallique, ses roues mordant les rails gelés. Les vitres vibraient sous le souffle de la machine, et Moscou commença à s’éloigner, ses coupoles dorées et ses avenues enneigées se dissolvant peu à peu dans la brume hivernale. Tatiana resta immobile, le front contre la vitre froide, observant la ville qui disparaissait comme un rêve qu’on ne peut retenir.

Dans ses mains, elle tenait un petit papier plié. Li Wei le lui avait laissé, discret, comme une confidence qu’on n’ose pas prononcer à voix haute. Elle l’ouvrit, ses doigts tremblants, et lut les mots tracés d’une écriture ferme : « Trois jours suffisent pour changer une vie. »

Tatiana referma les yeux. Les images défilaient en elle : la Place Rouge sous la neige, les fresques dorées du métro, les confidences au sommet de la tour Ostankino, les murmures dans la chambre, les regards échangés au Bolchoï. Trois jours seulement, mais assez pour bouleverser une existence entière.

Un sourire naquit sur ses lèvres, fragile mais sincère. Malgré l’ombre qui avait plané sur eux, malgré la menace silencieuse de Viktor, elle savait que ces instants resteraient gravés. Le train poursuivait sa course, emportant avec lui la mémoire de Moscou, mais dans son cœur, Tatiana gardait une certitude : l’éternité peut parfois se cacher dans la brièveté.