Epilogue

Épilogue – La trace invisible

De retour à Cheboksary, Tatiana marchait seule dans les rues familières. Les vitrines, les petites boutiques, les passants pressés lui paraissaient soudain étrangers. Moscou restait en elle, comme une cicatrice lumineuse : la Place Rouge sous la neige, les coupoles flamboyantes de Saint‑Basile, la Moskova gelée reflétant les lumières de la ville, le métro doré comme un palais souterrain, les fantômes du Bolchoï.

Sur sa table, une rose noire reposait, silencieuse. Elle ne savait pas si elle devait la garder comme un souvenir ou comme un avertissement. Ses pétales sombres semblaient absorber la lumière, comme une énigme qu’elle n’osait résoudre. Chaque fois que son regard s’y posait, deux voix résonnaient en elle :

Celle de Li Wei, douce et protectrice : « Trois jours suffisent pour changer une vie. » Et celle de Viktor, glaciale, mystérieuse : « Je voulais seulement voir si vous étiez heureuse… »

Tatiana ferma les yeux. Elle sourit malgré tout, un sourire fragile mais sincère. Elle savait que Moscou ne la quitterait jamais, qu’elle resterait une cicatrice lumineuse dans sa mémoire. Trois jours avaient suffi pour bouleverser son existence. Trois jours qui, peut‑être, ne s’effaceraient jamais.

Mais parfois, dans le silence de ses nuits, elle croyait entendre un pas dans l’escalier, une présence derrière la porte. Elle se retournait, le cœur battant, et ne trouvait que le vide. Pourtant, la rose noire était toujours là, comme si Viktor avait laissé une part de lui dans son monde. Non pas une menace, mais une ombre persistante, un témoin invisible de ce qu’elle avait vécu.