Chapitre 8
Chapitre 8 – Les fantômes de la ville
Sur la rue Tverskaya, les vitrines brillaient de mille feux, leurs reflets colorés se répandant sur la neige comme des éclats de verre. Les néons rouges et bleus pulsaient dans la nuit glacée, transformant chaque flocon en étincelle. Tatiana avançait lentement, son regard glissant sur les passants. Chaque visage croisé lui semblait suspect, chaque silhouette une menace possible. Son cœur battait plus vite, comme si la ville elle‑même lui murmurait qu’elle n’était pas en sécurité.
Devant le Bolchoï, les colonnes majestueuses se dressaient dans l’ombre, imposantes et silencieuses. Li Wei s’arrêta, contemplant l’édifice illuminé. Sa voix, basse et grave, résonna comme une confidence : — Moscou est une ville de fantômes.
Tatiana frissonna. Ses yeux balayèrent les colonnes, les recoins obscurs où la lumière ne pénétrait pas. Et soudain, elle crut voir Viktor. Une silhouette grise, immobile, dissimulée dans l’ombre, comme une présence qui refusait de disparaître. Elle détourna le regard, mais l’impression persistait, oppressante. « Pourquoi est‑il partout ? Pourquoi même les pierres semblent‑elles lui appartenir ? » pensa‑t‑elle, glacée par cette omniprésence.
Viktor, tapi dans l’ombre, observait. Pour lui, Moscou n’était pas seulement une ville : c’était un théâtre hanté, où chaque lumière appelait une ombre. « Ils croient marcher seuls… mais je suis la mémoire de ce qu’ils craignent de perdre. »
La ville, avec ses éclats lumineux et ses ombres profondes, devenait un décor de traque invisible. Chaque pas résonnait comme une fuite, chaque souffle comme une alerte. Moscou n’était plus seulement une capitale : elle était devenue le théâtre des fantômes.